Perturbateurs endocriniens : principe de précaution

Depuis le début des années 2000, les perturbateurs endocriniens (PE) s'invitent sur la scène médiatique, suspectés d'altérer la santé humaine. Même si l'intensité de leur impact divise encore les scientifiques, ces substances chimiques demeurent présumées coupables et le principe de précaution semble s'imposer quant à leurs usages, notamment dans l'environnement professionnel en leur appliquant les principes de prévention relatifs aux produits CMR (cancérogènes, mutagènes, reprotoxiques). Petit tour d'horizon de leurs sources à leurs effets.

Largement répandus dans notre environnement, les perturbateurs endocriniens font pourtant débat jusque dans leur définition. La plus communément admise est celle de l’OMS proposée en 2002 : « Un perturbateur endocrinien (PE) désigne une substance ou un mélange exogène qui altère les fonctions du système endocrinien et induit en conséquence des effets nocifs sur la santé d’un organisme intact (ou) de ses descendants. » De nombreux objets, présents sur les lieux de travail, en contiennent. Des produits phytosanitaires employés dans l’agriculture aux matières plastiques du secteur chimique en passant par certains déchets émis dans l’entreprise, les sources potentielles d’exposition sont multiples. En voici quelques exemples :

  • Additifs essence dans la fabrication et distribution de carburant
  • Anti ultraviolets dans la fabrication/formulation de cosmétiques
  • Bisphénols dans la fabrication/transformation de résinés époxydes et de polycarbonates, manipulation de papiers thermiques (tickets de caisse)
  • Parfums dans la fabrication/formulation de parfums, fabrication dans l’industrie agroalimentaire, fabrication/formulation dans l’industrie
  • Plastifiants dans la fabrication/transformation de matériaux plastiques
  • Solvants dans la fabrication/utilisation des solvants ou des produits en contenant
  • PCB dans la filière des déchets

Quels effets ?

Il est reconnu que les PE interagissent sur le système endocrinien de trois façons :

-          En imitant l’action d’une hormone naturelle et en provoquant des réponses inadaptées de l’organisme

-          En bloquant l’action d’une hormone et en l’empêchant d’agir sur ses cellules cibles

-          En perturbant la production ou régulation d’une hormone ou de son récepteur

En déréglant le système endocrinien, ces substances peuvent agir sur la régulation du métabolisme, du développement, voire de la reproduction et de la fertilité. Mais contrairement aux idées reçues, leurs effets ne sont pas proportionnels aux doses d’exposition. Ils peuvent apparaître à faibles doses, puis diminuer si les doses s’élèvent, avant d’accroître à nouveau à hautes doses. Un mécanisme d’action qui se complexifie d’autant plus avec ce que l’on appelle les « effets cocktails » : plusieurs PE à la fois pourraient engendrer des effets très différents d’une exposition aux substances seules.

Il faut préciser que toutes les substances ayant une activité endocrinienne ne sont pas forcément des PE. Elles doivent avoir un effet nocif pour l’organisme. De plus, toutes les substances toxiques pour la reproduction ne sont pas non plus des PE.

Quelle prévention ?

En milieu professionnel, la prévention des risques liés aux perturbateurs endocriniens est identique à celle des produits CMR, avec des principes généraux :

  • Eviter les risques, surtout pour les femmes enceintes ou en âge de procréer
  • Evaluer les risques et les combattre à la source
  • Remplacer ce qui est dangereux par ce qui ne l’est pas ou ce qui l’est moins
  • Privilégier les mesures de protection collective (ventilation, système clos…) par rapport aux mesures de protection individuelles
  • Former et informer les salariés sur le sujet des PE et les moyens de s’en protéger

 

Si vous vous posez des questions sur les perturbateurs endocriniens dans votre entreprise, votre Service de Santé au Travail est à votre écoute.

 

Illustration : ©Edgar181 / Wikimedia Commons (domaine public)

 

Pour en savoir plus, rendez-vous sur :

le site de l'INRS

le site de l’ANSES

le site du Ministère des Affaires sociales et de la santé

le site du Ministère de l’environnement, de l’énergie et de la mer

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