Interview : épidémiologiste, un atout pour renforcer les politiques de prévention

Epidémiologiste au sein de l'AIST 83 depuis 2 ans, Célia Barberousse a rejoint la santé au travail après 15 ans en recherche, santé mondiale et aide au développement dans le privé et le public et après des études en santé publique, épidémiologie et recherche biomédicale. Elle nous détaille ses missions et nous explique les enjeux d'une telle profession dans un service de santé au travail.

 

En quoi consiste votre métier d’épidémiologiste au sein d’un service de santé au travail ?

Il s'agit principalement d'appuyer les équipes pluridisciplinaires qui souhaitent réaliser des enquêtes quantitatives dans leurs entreprises en cas, par exemple, d’alerte ou d’apparentes difficultés soulevées lors d’entretiens individuels. Cela permet de rendre visible ou de vérifier au niveau collectif des informations issues de l’entretien individuel. Cela permet d’en mesurer l’ampleur de manière objective et plus neutre et d’engager ou poursuivre le dialogue avec l’équipe managériale. C’est une approche qui permet de générer des propositions d’actions de prévention au niveau collectif.

Mon rôle est également de proposer et développer des projets d’étude plus vastes en m’appuyant sur un groupe interne pluridisciplinaire ; de poursuivre notre participation à l'observatoire EVREST ; de suivre et recueillir des données scientifiques pour des groupes de travail interne ou webinaire. 

L'objectif est de permettre de renforcer les ressources de la politique de prévention.

Pourquoi exercer dans un service de santé au travail plutôt que dans un établissement de santé publique par exemple ?

Il y a une opportunité immense en termes de données et de recherche, très peu exploitée.

Quels sont vos liens avec les autres professionnels de l’AIST 83, notamment de l’équipe pluridisciplinaire ? Comment travaillez-vous ensemble ? 

Je travaille beaucoup avec les intervenants en prévention des risques professionnels (IPRP) soit pour mettre en place des enquêtes de qualité de vie au travail (QVT) avec les psychologues par exemple, soit pour solliciter leur expertise et développer d’autres projets. Nous avons constitué un groupe de travail interne pluridisciplinaire pour développer des projets et surtout réfléchir aux aspects pratiques, à leurs mises en place.

Des médecins me sollicitent pour extraire des données, les analyser ensemble ou mener des enquêtes chez leurs adhérents. D’autres n’ont pas encore le réflexe ou l’habitude, le chemin est encore long pour accepter que la santé au travail peut aussi s’appuyer sur les données pour innover, avancer, adapter ses pratiques et valoriser ses actions.

Avec la crise liée à la Covid-19, vos missions au sein de l’AIST 83 ont-elles évolué ? Et comment ?

Par intérêt, j’ai suivi de très près, au début, les premières publications scientifiques. Puis j'ai réalisé un topo régulier sur les dernières connaissances scientifiques. Ensuite, j’ai continué pour les collaborateurs qui le souhaitaient de manière plus sporadiques (il y a tellement à lire !) ou pour les aider à répondre à des questions plus spécifiques (le risque aérosol par exemple). Nous avons également développé un webinaire sur les vaccins pour répondre aux interrogations et aux craintes.

Lancer une étude pour évaluer l’impact de la crise sanitaire sur la santé mentale de nos salariés, travailler avec mes collègues qui vont sur le terrain pour analyser les besoins des entreprises et comment y répondre… cela aura été dense et encore beaucoup de questions se posent ou vont se poser. Je pense au Covid long notamment.

Je dois également souligner que l’accès au télétravail m’a permis d’avoir plus de flexibilité et d’efficacité dans mon travail.

 


Partager sur